Un chemin d'histoire

Auteur(s) : Alain Thiry

Une classe de 6ème primaire d'une école de Gembloux apprend toute l'histoire
de la Belgique en 1 mois et demi.

Expérimentation des stratégies PNL de compréhension et de mémorisation


La PNL et les stratégies d'apprentissage

Grâce à une grille d'observation, en PNL nous avons pu décoder les
opérations mentales réalisées par des élèves brillants. Nous avons repéré
chez eux 5 outils mentaux :
1. une stratégie pour comprendre tout ce qu'ils lisent ou entendent,
2. une stratégie pour mémoriser,
3. une stratégie pour réfléchir sur les informations
qu'ils ont comprises,
4. une stratégie pour intégrer la prononciation des langues, et
5. une stratégie pour transférer ce qu'ils ont appris
dans les différents contextes où ils risquent d'en avoir besoin.
Lorsque nous apprenons à d'autres enfants ces manières de faire, ces
stratégies, ils peuvent rattraper leur retard et être motivés par leur
réussite. Ils deviennent acteurs de leur apprentissage.

Objectif de notre expérimentation

Notre centre s'est spécialisé dans la mise en oeuvre de ces stratégies PNL
d'apprentissage. Nous voulions affiner notre pratique de la stratégie de
compréhension. Nous en connaissons depuis longtemps la structure (se
construire des images analogiques) et nous avons expérimentés son efficacité
dans bien des classes. Néanmoins, nous voulions évaluer différentes manières
de l'utiliser pour trouver les avantages et inconvénients de chacune. Notre
but était de pouvoir choisir une procédure que nous pourrions généraliser
pour de grandes matières et dans de nombreuses classes.


Cadre de notre expérimentation

Nous avons choisi une classe de 6ème primaire (17 enfants) à Gembloux
(Belgique). L'institutrice avait déjà suivi une formation avec nous et
pouvait donc comprendre très vite ce que nous voulions. C'est une
école en milieu rural. La population de ces enfants venant de milieux
socio-culturels variés y est relativement standard : quelques bons élèves,
quelques enfants en difficulté et la majorité relativement moyenne.
Comme nous devions utiliser de nombreux textes, nous avons choisi l'histoire
comme matière. Celle-ci permet de changer le contenu (nouveauté de chaque
période), tout en gardant une même structure (dates, personnages,
événements, conséquences, ...), tout en variant la manière de passer dans la
stratégie de compréhension.
Pour donner une motivation aux enfants, nous leur avons annoncé d'emblée
qu'ils feraient à la fin une exposition où ils devraient expliquer
l'histoire à des adultes.
L'expérimentation s'est déroulée sur 1 mois et demi avec une à deux leçons
d'histoire par jour. Le formateur a donné quelques leçons, mais c'est
l'institutrice qui en a donné la majorité.
Les parents nous ont tous donné l'autorisation de filmer, ce qui nous a
permis d'analyser plus tard avec plus de recul et de précision nos pratiques
et leurs efficacités.

Les étapes de notre expérimentation

Nous avons ici respecté une séquence que nous avions déjà largement
expérimentée dans d'autres cadres soit en individuel soit en collectif. Ici,
nous visions l'enseignement de toute une matière et de le faire en
collectif.
Voici la séquence des différentes étapes : structure, compréhension,
mémorisation, révison, expression.


Structure

Nous leur avons demandé de trouver une structure dans les informations
qu'ils peuvent trouver sur une étape de l'histoire. Nous avons ensuite
utilisé cette même structure pour aborder toutes les étapes. Définir cette
structure a pris 4 leçons.


Compréhension de texte

Ayant cette structure, nous avons commencé à leur donner des textes, période
par période. A chaque fois nous avons fait varié un élément dans notre
méthodologie. Lorsque nous avons trouvé une procédure largement plus
efficace : meilleure qualité de compréhension, temps nécessaire à
l'apprentissage plus court, tous les enfantspossédaient toute la matière,
nous l'avons utilisée jusqu'à la fin. 1/3 des périodes ont été vues de
manière variée et 2/3 avec cette procédure.


Mémorisation

Nous n'avons pas été très méthodique sur cette étape. Nous avons simplement
expliqué aux enfants la stratégie PNL de mémorisation, et ils l'ont pris en
charge eux-mêmes.

Révision

Nous n'avions pas le temps de faire cette étape en classe. Ce qui fait que
nous leur avons demandé de faire cela à la maison. Bien sûr, nous leur
avons montré comment on réalise une révision en PNL (un peu différent de ce
qu'ils auraient fait spontanément). Cette manière de réviser est très rapide
(5 minutes max) et n'était donc pas une contrainte de temps pour eux.
Nous avons néanmoins fait une révision collective la veille de l'exposition.
Cela a pris 2 leçons.

Expression

Nous avons fait une ligne de temps de 750 m de long avec des repères
proportionnels (1 an = 10 cm). Des affiches de leur synthèse graphique se
trouvaient sur le parcours. Tous les 1/4 heure, 2 enfants partaient avec un
groupe de 10 adultes et expliquaient de manière autonome toutes les périodes
de l'histoire de la Belgique au travers de cette promenade. Tous les enfants
ont pris la parole. La durée moyenne du parcours était de 1h 15'.

Évaluation de l'institutrice


Sabrina - institutrice

Grâce à la PNL, les enfants ont pu facilement avoir une vue globale de la
matière
. Cette vue d'ensemble permet de prendre conscience de l'importance
de chaque élément.
Les enfants se voient progresser. Le fait de trouver une structure et de la
suivre, donne l'impression que c'est réalisable malgré la quantité de
matière. Ce que je trouve très chouette, c'est qu'on voit une période
d'histoire et qu'on verra les suivantes de la même manière. Ce fut quelque
peu hardu de trouver la structure de la matière à apprendre pour la première
période, mais pour voir les suivantes, ce fut facile. C'est devenu une
routine et les enfants se sentent de plus en plus à l'aise. De plus, la
structure de base trouvée au début permet de garder un fil conducteur tout
au long du travail, sans se perdre dans tous les détails sans importance.
Une matière construite par tous et en même temps ça donnait du sens pour
chacun
: construit par tous et par chacun. Ici, avec cette manière de
travailler, chacun était quelque part obligé de faire ses propres images et
le travail par petits groupes, permettait à chaque enfant d'oser expliquer
aux autres ses images et même d'argumenter pour que le choix du sous-groupe
tienne compte de ses images. Mêmes les enfants les plus timides étaient
fiers de montrer ce qu'ils avaient fait. La motivation est chez chacun.
Lorsque plusieurs sous-groupes travaillaient sur la même période, pendant
l'échange, ils réalisaient combien d'autres pouvaient percevoir cette
période différemment. Cela permettait une ouverture d'esprit et une
tolérance vis-à-vis de la compréhension de chacun
. Ce n'était plus un enfant
qui apprend, mais ensemble, ils construisaient leur savoir.
Si le produit est collectif, néanmoins chacun peut rester créatif et faire
ce qu'il veut. Cela laisse une place à la différence. Chaque enfant peut
trouver sa place.
Au début, certains enfants avaient peur de l'ampleur de la tâche, et puis,
ils se laissaient un peu tirer par les plus motivés, puis prenaient, petit à
petit, confiance en eux et finissaient par s'impliquer.
Tous les enfants se sont investis et tous l'ont pris au sérieux. Par exemple
: Jacques (les prénoms des enfants sont changés) est un enfant intelligent
mais en groupe, il est taiseux. On ne l'entend jamais. Mais lors de la mise
en commun générale, il levait tout le temps le doigt. Il avait tout le temps
envie de prendre la parole. Il se sentait à l'aise et il a trouvé vraiment
sa place dans le projet.
Louis, un peu frimeur, il aime blaguer, faire le gros macho et tourner les
choses en dérision. Lors de la répétition générale avec la classe de 5ème,
il a pris les choses au sérieux et, expliquait avec précision et retenait
l'attention de son groupe de jeunes auditeurs.
Un jour, les élèves de 5ème ont fait le parcours du chemin d'histoire avec
les 6ème. Quelques jours plus tard, un groupe d'élèves de 5ème, responsable
du journal de l'école est venu interviewer les élèves de 6ème. Ils ont posé
différentes questions. Moi, j'étais très intéressée, car ce n'était pas des
questions tendancieuses et ils pouvaient répondre en toute liberté. Il y a 2
choses qui m'ont vraiment marquées. Ils ont montré leur enchantement et leur
satisfaction face à tout le travail qu'ils avaient réalisé, et en gardent
un souvenir très positif. Ils n'ont pas parlé des heures de travail.
Pourtant, pour des enfants de cet âge, c'était très lourd. Mais là, je suis
émerveillée de voir que même s'ils n'ont vraiment pas eu facile pour faire
un travail pareil, et mener un tel projet à son terme, ils n'en ont même pas
parlé aux élèves de 5ème. Ils en ont une image positive, et même très
positive. Ils étaient enchantés, ravis. Alors qu'ils parlaient librement et
qu'ils intervenaient comme ils le sentaient, je n'en ai pas entendu un seul
dire : "oh non ce n'était pas gai, j'aurais préféré faire autre chose", pas
une seule fois, je n'ai entendu cela.
Tous, de manière différente, ont exprimé leur satisfaction. Je trouvais cela
très chouette.
D'autre part, les élèves de 5ème ont demandé : "Est-ce que ça ne vous a pas
embêté de faire des dessins ? et qu'est-ce que vous trouvez comme avantage à
travailler comme ça ?" Ils ont vraiment bien expliqué et c'était très clair
pour eux : "ça nous a pris beaucoup de temps pour trouver les dessins qui
nous convenaient". Donc, sous entendu, qu'il y a eu plusieurs dessins, il y
a eu discussion, il y a eu choix
, et je trouvais cela très intéressant. Ils
ont également exprimé : "L'avantage des dessins, c'est qu'un dessin reprend
beaucoup d'idées
, donc reprend un texte, un paragraphe, reprend différentes
phrases et qu'un dessin est beaucoup plus facile à mémoriser qu'un texte. Et
si on n'avait dû expliquer cette même matière là avec des textes, on
n'aurait jamais, jamais su tout retenir"
. Je trouve cela exceptionnel, que
cela vienne spontanément d'un enfant.
En conclusion, cette manière de travailler (PNL) permet une excellente
appropriation de la matière. Celle-ci a pris du sens pour eux. Ce n'est pas
une matière qu'ils savent seulement débobiner. Non. Ils la sentent, ils
l'ont vécue, dans un climat de responsabilité, de joie et de fierté
d'eux-mêmes. C'était un savoir construit par tous et chacun a trouvé sa
place.
C'est normalement le travail de l'école d'obtenir un tel résultat. Mais ce
n'est pas souvent réalisé. Ici, la PNL donne les moyens, les techniques pour
le faire.

Conclusion

Cette expérimentation nous a permis d'atteindre notre objectif principal. À
savoir : expérimenter différentes manières de mise en oeuvre de la stratégie
PNL de compréhension, et d'en déduire la plus efficace et fonctionnelle.
Nous avons donc maintenant une idée très précise de comment enseigner une
matière à contenu dans une classe. Cette méthodologie est facile à appliquer
pour l'enseignant.
En réalité, deux procédures nous ont intéressées. Tous les deux sont
efficaces. La première, favorisait plus la recherche des informations par
les enfants, mais nécessitait beaucoup de temps. La deuxième semble être
largement plus rapide. (explication de l'institutrice, visualisation,
graphisme, échange, choix, mémorisation, révision). La vidéo de cette
expérimentation est utilisée dans nos formations.
Notre prochain projet est d'utiliser cette manière de procéder dans toutes
les classes d'une même école, pour toutes les matières à contenu et toute
l'année. Nous pourrons expérimenter la mise en oeuvre à plus grande échelle
ainsi qu'évaluer l'impact sur des enfants qui profitent de cette procédure
PNL sur une longue période.

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